DRIES TALKS – Louis Barthelemy

DRIES TALKS – Louis Barthelemy

DRIES TALKS – Louis Barthelemy

Que signifie la liberté pour vous ?
La liberté se réfère à la capacité de faire des choix et d’agir selon sa propre volonté, sans contraintes ou emprises de la part d’autrui ou de l’État. La liberté peut se décliner en différentes formes : expression, conscience, mouvement, économique…

Enfant, vous étiez fasciné par la collection égyptienne du British Museum. D’où vous venait cet intérêt ?
J’ai eu la chance de grandir à Londres et d’être exposé dès mon jeune âge à la multiplicité d’identités que le monde offre.

Comme tous les enfants, j’ai eu des périodes obsessionnelles. L’Égypte antique m’a fasciné et cette fascination a était alimentée par la culture pop de ces années, comme dans le clip « Remember The Time » de Michael Jackson avec Iman en reine d’Egypte. Plus tard, il y a eu le dessin animé « Prince of Egypt » de Steven Spielberg racontant l’exode de Moïse. Ou encore la collection égyptienne Haute Couture de Dior par Galliano, exubérante à souhait, sont des événements qui ont marqués mon imaginaire…

L’Égypte antique fascine par son mysticisme, sa sophistication et son avancée en termes de savoir. Cet héritage a été structurel pour le bassin méditerranéen, l’Afrique du Nord, la péninsule arabique et la Mésopotamie. Ce rayonnement culturel me subjugue !

Vous avez travaillé avec Dior en tant que créateur de foulards. Pourquoi avoir choisi le foulard ?

Ce n’était pas un choix délibéré. Je rejoignais à l’époque le studio de création femme sous la direction de John Galliano que j’admirais et admire toujours. Très vite mon travail d’illustration a été apprécié. La Maison cherchait à pourvoir un poste aux accessoires textiles, l’exercice de transposer mes dessins sur la soie m’a enchanté. En même temps, il faut dire que je n’étais pas particulièrement bon en drapé et moulage sur le mannequin.

Vous avez quitté délibérément l’industrie de la mode. Pourquoi ?

La mode s’est industrialisée de manière considérable au cours des vingt dernières années. Le processus créatif est devenu spéculatif et encadré par des enjeux économiques pesants pour un artiste. Je n’avais pas envie à un jeune âge de consentir à ces règles du jeu et me restreindre autant pour un produit qui ne m’émeut pas.

C’était aussi un entre-soi étriqué, vain et toxique que je trouvais vampirisant. J’avais besoin d’horizons et d’ouverture pour découvrir les véritables ressources intérieures dont je disposais qu’aucune maison m’aurait permis de saisir.

Vous vous êtes installé à Marrakech. Que vous inspire cet endroit ?

Marrakech est une ville de contrastes qui peut être à la fois bruyante et calme, moderne et traditionnelle, animée et paisible, voluptueuse et austère.

Ces contrastes m’attirent dans ma quête à représenter des dualités ou des oppositions.

J’étais également sensible à la chaleur humaine. J’ai ressenti le besoin de vivre ce partage après avoir grandi toute ma vie dans de grandes mégalopoles où l’élément humain est parfois englouti par l’anonymat, la compétition, le stress et les disparités sociales qui y règnent.

Au-delà du Maroc et des foulards, vos racines et horizons sont résolument multiples. Quels sont les ingrédients respectifs de ces pays et/ou cultures qui vous ont marqué dans votre travail ?

Londres m’a apporté une ouverture sur le monde et m’a offert cette capacité d’apprécier et de cohabiter avec toutes formes d’altérités.

Paris m’a enseigné une certaine rigueur esthétique et technique qui me sert aujourd’hui lorsque je collabore avec des collectifs d’artisans.

Le Maroc est un lieu de réparation intime où je me ressource, où mon corps et mon esprit se reposent. C’est un cadre idéal pour créer librement, la douceur de vivre se prête à cela.

Enfin, l’Égypte m’a permis de lâcher prise et de me laisser porter par son chaos, de croire au destin et d’apprécier le moment présent. C’est un pays qui enseigne l’humilité, son histoire est si grande qu’on se sent insignifiant, tout petit. Finalement cette sensation est libératrice car elle efface toutes attentes et obligations que l’on peut s’infliger, elle nous renvoie à notre condition humaine.

Pourriez-vous définir les thèmes majeurs dans vos créations ?

La place de la nature et du sacré dans les interactions entre les humains.

Pourquoi vous accordez tant d’importance à l’artisanat ?

L’artisanat est important pour préserver les traditions et le patrimoine culturel, créer des emplois locaux, promouvoir l’économie locale, encourager la durabilité et l’authenticité, et transmettre les savoir-faire et les compétences humaines.

Vous avez collaboré avec plusieurs grands noms dans le domaine de la mode, dont Louboutin et Le Sirenuse. Qu’est-ce qui vous décide de vous engager pour un projet commun ?

C’est toujours la rencontre qui détermine la suite d’un projet commun. Que ce soit avec Christian Louboutin ou Carla Sersale du Sirenuse, le premier contact chaleureux et les valeurs communes partagées m’ont enthousiasmé!

Et avec qui vous aimeriez travailler ?

J’adorerais travailler pour le Mobilier National à Paris.

Quelle est votre matière préférée ?

Je suis en pleine phase d’exploration créative et je découvre de nouveaux médiums à chaque projet. Dernièrement, j’ai été initié au marbre et au bois avec lesquels j’ai adoré travailler.

Ma matière préférée reste le textile et tout particulièrement le coton pour ses qualités résistantes, persistantes ainsi que sa malléabilité et le confort qu’il confère.

Qu’est-ce qui vous inspire pour votre travail de créateur ?

La création permet une connexion avec l’humain et son héritage culturel.

Ce qui m’inspire en collaborant avec des communautés locales c’est l’exploration créative des matériaux et des techniques, célébrer la diversité des cultures et contribuer à la préservation de traditions ancestrales.

Que seriez-vous si vous n’étiez pas créateur ?

Je parcourrais le monde.

Avez-vous une devise, une phrase qui vous motive ?

« Le voyage est fatal aux préjugés, à l’étroitesse d’esprit et à la bigoterie. » – Mark Twain

Que signifie la beauté pour vous ?

La beauté peut être un moyen de transcender la douleur, de trouver du soutien et une communauté réceptive, et de s’exprimer librement, tout en contestant les idées reçues et les stéréotypes imprégnés d’ostracisme.

Elle permet trouver de la joie et de la lumière dans un monde souvent sombre et cynique.

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